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Architecture religieuse du 19e siècle à Pau
France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Pau
Historique
Paris, Rome, 1801 : Napoléon Bonaparte, premier consul, et Pie VII, pape, ratifient un traité de concordat régissant les rapports entre l’Église et l’État français. Progressivement mis en application, à partir de 1802, par une série de textes législatifs et réglementaires, le régime concordataire perdure jusqu’à la loi de séparation des Églises et de l’État de décembre 1905. Tout en reconnaissant officiellement les religions minoritaires – le protestantisme (calvinisme et luthéranisme) en 1802, le judaïsme en 1808 (ni les autres confessions protestantes, ni l’islam ne faisant partie des cultes reconnus) – l’État conclut par ce biais une alliance avec le catholicisme, " religion de la grande majorité des citoyens français ", alliance fondée sur l’intérêt d’un appui réciproque. L’idée sous-jacente est que les religions participent de la cohésion sociale et qu’intégrer les préceptes religieux et leurs manifestations publiques dans le dispositif législatif ne peut qu’affermir la Nation. L’État défend ainsi une certaine liberté religieuse, protège et surveille les cultes reconnus, tout en ménageant une place particulière au culte dominant. Les implications du régime concordataire sont profondes et multiples. Entre autres incidences, les relations apaisées entre les représentants des Églises et de l’État et la tutelle de celui-ci expliquent en grande partie la nouvelle visibilité des lieux de culte : la France se couvre de nouveau d’un " blanc manteau d’églises ", mais aussi de temples ou de synagogues.
Pau n'échappe pas à ces débats, à cette quête d’identité religieuse. La ville entre dans le 19e siècle avec quelque dix mille habitants, pour en sortir avec une population plus que triplée. La surface construite de la ville est quasiment doublée, s’étendant principalement vers le nord et l’est. Industrialisation, exode rural, meilleure hygiène de vie : les facteurs de croissance sont ceux de la France urbaine de l’époque. En outre, du fait de la progressive reconnaissance de ses vertus climatiques thérapeutiques, la ville vit un essor sans précédent, surtout dans la deuxième moitié du siècle, et ouvre ses portes à des hivernants en quête de douceur. Ceux-ci, issus pour la plupart de familles aisées venant de toute l’Europe – et issues de confessions diverses – viennent prendre l’air ou les eaux pyrénéennes et s’installent à Pau pour une saison, une année, voire davantage. De nombreux équipements viennent animer la ville et lui apporter les indispensables distractions : salles des fêtes et de spectacles, casino, promenades, hippodrome, golf, etc. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, ce mouvement de construction entoure le centre historique de quartiers résidentiels dans lesquels les villas se nichent, lovées au milieu de parcs et de jardins.
Tant du point de vue de leur capacité que de leur aspect, les églises de la ville ne peuvent plus suffire aux habitants comme aux hivernants. Les anciennes églises Saint-Louis, Saint-Jacques ou Saint-Martin sont vieillissantes (voire inachevée pour Saint-Louis), étroites et comprimées dans un tissu urbain dense. La ville est devenue multiconfessionnelle et de nouveaux besoins émergent. Les congrégations cherchent à s’installer pour dispenser à ceux qui en ont besoin sacrements, prêche, enseignement, soins ou aumône. Devenu en quelque sorte champ d’expérimentation, Pau est en quête d’une nouvelle topographie religieuse, d’une nouvelle donne aux ambitions tant urbaines que sociales.
Les chantiers et les modalités de mise en œuvre
L'étude des sources et l'analyse comparative des monuments ont permis de dresser le portrait d'un phénomène particulier à la période comprise entre 1801, date du Concordat, et 1905, date de la séparation de l'Église et de l'État qui y met un terme. La recherche portant sur l'architecture religieuse du 19e siècle à Pau fait ressortir de nombreux rouages de ces constructions, propres à éclairer la connaissance de ce patrimoine : datation des édifices (avec une concentration des fondations sur la deuxième moitié du siècle, en lien avec l'essor de la ville), découverte des sources, identification des destinataires, des vocables, des architectes, artistes ou artisans intervenus, ressorts de la commande, répartition des prérogatives entre initiative privée et initiative publique, coût et modes de financement des chantiers, maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre, place du fidèle au sein du processus, rôle social et urbain de l'édifice dans la vie de la Cité, lien entre la vocation du monument et son programme architectural et iconographique.
Les recherches montrent l'investissement public, tant en termes financiers qu'administratifs et humains, dans la construction des édifices religieux. Les édiles s'emparent volontiers de cette question, avec le soutien et l'encadrement de l'État d'une part, le relais important et irremplaçable de la société civile de l'autre, par le biais des associations cultuelles (consistoires, fabriques...) ou des ordres religieux suivant leur vocation. Les modalités des projets diffèrent suivant leur nature et leur destination. Un chantier public est encadré par les règles d'adjudication des marchés publics, avec des choix d'intervenants contraints et des modes de financement spécifiques. Le déroulement est plus souple et plus hétérogène concernant les constructions privées (notamment les couvents). La deuxième moitié du siècle compte le plus grand nombre de ces constructions nouvelles. Par conséquent, la profession d'architecte connaît une plus grande visibilité et une meilleure spécialisation durant cette période à Pau. La figure d'Émile Boeswillwald, disciple de Viollet-le-Duc, architecte diocésain renommé, ne doit pas cacher celle des architectes locaux dont l'art et le bouche-à-oreille illustrent les qualités. Lucien Cottet, auteur de plusieurs chapelles paloises et architecte des religieuses de Saint-Maur, Barthélemy Touzis, ancien architecte municipal et architecte des Ursulines paloises, l'ancien ingénieur des mines Eugène Loupot, de nombreux entrepreneurs locaux, tous contribuent à leur mesure au renouveau palois et à la floraison d'édifices religieux dans la ville, certes, mais aussi dans toute la région, aidés en cela par l'atmosphère concordataire. La commande du mobilier obéit aux principes énoncés précédemment. Il convient de noter particulièrement le nouvel essor du vitrail. Celui-ci favorise la création et l'émergence d'entreprises locales, celle de Jules-Pierre Mauméjean en tout premier lieu, premier d'une dynastie qui essaime ses créations dans le monde entier jusqu'au milieu du 20e siècle. Mais des commandes sont aussi passées à des artistes de toute la France, les maîtres verriers Champigneulle, Dagrand, Lavergne... Le chantier de Saint-Martin, commande municipale réalisée sous la férule de Boeswillwald, concentre les signatures les plus prestigieuses à l'échelle nationale (Didron, Steinheil, Geoffroy-Dechaume...), artistes que l'architecte a l'habitude de solliciter sur ses chantiers (Bayonne, Laon, Paris).
Détail de l'historique
Description
Informations complémentaires
État des lieux
La volonté politique de restaurer et mettre en valeur l'église Saint-Jacques (travaux de mise aux normes, de restauration des façades, de la sculpture et des vitraux, repose des deux flèches, 2010-2012) a attiré l'attention sur l'importance numérique, paysagère et historique des édifices religieux construits durant la période concordataire à Pau. L'enquête d'inventaire du patrimoine, commencée en 2010 à Pau, s'est alors attachée à une recherche thématique portant sur l'architecture religieuse du 19e siècle à Pau, publiée dans la collection nationale de l'Inventaire Images du patrimoine ici rapidement résumée, et à des dossiers individuels d'édifices (18 dossiers). Ce travail de recherche a bénéficié de travaux bibliographiques de qualité (doctorat d'Alain Muñoz, recherches de Suzanne Tucoo-Chala ou du chanoine Laborde, recherches en cours de François Ceccaldi). Il a aussi mêlé reconnaissance topographique et recherche des sources historiques et iconographiques. Les édifices religieux publics ou apparentés (églises paroissiales, chapelles hospitalières) ont laissé une trace importante dans les archives publiques (série M des archives communales, séries H dépôt Pau et J des archives départementales des Pyrénées-Atlantiques), qui peuvent être ponctuellement complétées par les archives du diocèse de Bayonne. La recherche des archives concernant les chapelles conventuelles s'est avérée riche d'enseignement et de découverte. Les documents sont généralement conservés dans les centres d'archives propres à chaque ordre ou congrégation (archives des dominicaines à Albi, des franciscains à Toulouse, de la Compagnie de Jésus à Vanves, des religieuses de Saint-Maur à Paris, archives des Filles de la Croix à La Puye, ...). Les archives du consistoire israélite de Bayonne, déposées au pôle bayonnais des archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, conservent la mémoire de la communauté juive paloise et de sa synagogue. D'autres sources ont pu ponctuellement pallier les lacunes de la documentation : presse locale (notamment le Mémorial des Pyrénées), campagnes photographiques de l'Inventaire général avant démolition de certains monuments, cartes postales, plans de ville ou de quartiers, série O des archives communales.
Corpus étudié
Églises paroissiales et leurs dépendances : Saint-Martin ; Saint-Jacques ; Saint-Jean-Baptiste du Hameau ; Chapelle de la Persévérance
Chapelles hospitalières et apparentées : Chapelle de l'asile départemental d'aliénés Saint-Luc ; Chapelle de l'ancien hôpital Bosquet ; Chapelle de la Miséricorde
Chapelles conventuelles : Sacré-Cœur-de-Jésus (chapelle de l'ancien Carmel) ; Sainte-Ursule des Champs (chapelle des ursulines avenue Trespoey) ; Sainte-Ursule (chapelle des ursulines de l'ancien îlot Notre-Dame démontée pour devenir l'église paroissiale de Jurançon Notre-Dame-du-Bout-du-Pont) ; Notre-Dame de l'Immaculée-Conception (chapelle des jésuites) ; Chapelle des dominicaines ; Chapelle des sœurs du Sacré-Cœur ; Chapelle des réparatrices ; Chapelle des dames de Saint-Maur ; Notre-Dame du Sacré-Cœur (chapelle des filles de la Croix)
Autres lieux de culte : Christ's church (temple protestant) ; Saint-Alexandre-Nevski (église orthodoxe) ; Synagogue ; Saint Andrew's Church (église anglicane)
Type de dossier |
Dossier thématique |
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Référence du dossier |
IA64002314 |
Dossier réalisé par |
Devos Cécile
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Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2010 |
Copyrights |
(c) Ville de Pau |
Citer ce contenu |
Architecture religieuse du 19e siècle à Pau, Dossier réalisé par Devos Cécile, (c) Ville de Pau, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/b9262b45-dc48-47c6-baf4-8e81dfeba31d |
Titre courant |
Architecture religieuse du 19e siècle à Pau |
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- TERRES Abbé. Aperçu sur la nouvelle église de Saint-Martin. Pau : Vignancour, 1867.
- DEVOS Cécile, LAROCHE Claude. Pau, Un siècle d'architecture sacrée. Lyon : Lieux-Dits. 2014.
- Église orthodoxe Saint-Alexandre-Nevski IA64002298
- Ancien couvent de religieuses de la Société de Marie-Réparatrice ; actuellement conservatoire et école de danse IA64002291
- Couvent de jésuites IA64001782
- Ancien couvent d'ursulines, devenu école et collège Sainte-Ursule IA64002303
- Chapelle de jésuites Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception IA64001783
- Église d'anglicans, appelée église Saint-Andrew's IA64001866
- Ancienne chapelle Notre-Dame du Sacré-Cœur ; actuellement immeuble IA64002302
- Synagogue IA64002301
- Temple appelé Christ's Church ; ancienne école IA64001613
- Immeuble, puis couvent de dominicaines ; actuellement immeuble
- Hôtel Bourdier de Beauregard, presbytère de Saint-Martin IA64001840
- Ancienne chapelle d'ursulines, devenue église paroissiale Notre-Dame du Bout du Pont IA64002305
- Chapelle Saint-Jean-Baptiste du Hameau, puis église paroissiale Saint-Jean-Baptiste du Hameau IA64002300
- Ancien couvent de carmélites, actuelle maison Saint-Michel des Pères de Bétharram et foyer
- Chapelle Saint-Luc IA64002310